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Des photos, et du journalisme

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Fonction documentaire de la photographie

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Cahier N°II

Cahier N°II. Monceaux Mathieu

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Cahiers photographies - Mathieu Monceaux

Métamorphoses urbaines, paysages des franges

Mégapole(s)

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Série de photos

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Tératologie

Bob Dylan, un récit initiatique

Sur les premières années de Dylan à New York et les rencontres qui ont marqué son cheminement.

Le corps, la langue, chez Artaud

Artaud le Mômô, Artaud le penseur, le corps, la langue d’Artaud

L’expérience intérieure, communication et poésie chez Georges Bataille

Le schéma de l’expérience intérieure est mystique.

Tropique du Cancer d’Henry Miller

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Pour un cinema VIVANT

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Rencontre avec Salomon

Le réveil a été douloureux. Il s’était extirpé faiblement d’ une de ses innombrables cuites

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Un être chétif s’agenouille. J’écoute ses prières.

Sérigraphie 3 : Foutreries

Comment se foutre de tout ?

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Le corps, la langue, chez Artaud

L’écriture d’Artaud, comme ses dessins sont littéraux. Seules peut-être ses pièces ne résistent pas aux cribles des attaques qu’il a lui-même adressé au théâtre occidental dans le Théâtre et son double.


Le corps, la langue, chez Artaud

Artaud écrit ses poèmes comme ses lettres, ses lettres comme ses poèmes. Tous ses textes sont ancrés dans une énonciation, dans une situation que rien ne doit occulter. Abstraire ses textes du cri qui les porte, de la souffrance, des larmes, du sang et de la joie, c’est perdre le mouvement.

Artaud ne tutoie pas le destinataire pas plus qu’il ne recherche l’authenticité, le naturel, la spontanéité. Il affirme sa distance vis-à-vis du monde et des autres. Sa voix ne retourne à nulle origine : le corps d’Artaud, le corps de ses poèmes est construit. Son sexe, c’est sa langue ou plutôt ses langues qui se rencontrent, celle des poètes, des bouchers de Marseille, des sorciers du Mexique, ces langues glossolaliques inventées dans son délire schizé. Le corps devient un fragment de chair éjecté directement dans une culture. Et contrairement à ceux qu’ont pu dire certains de ces admirateurs ou de ces imitateurs, il n’a pas lieu de considérer chez lui un primat de la nature sur la culture.

Mais les mots ont bien un pouvoir chez Artaud et ne peuvent être réduits à une convention. Ils font signe et sont associables à des gestes ou à des attitudes ; c’est notre sens de l’abstraction qui les a réduits à de pâles ombres, à des représentations, à des symboles.

Le poète mène alors un combat qu’il est sûr de perdre, Il se tient dans cette béance entre le verbe et l’émotion, lui qui invoque leur indissoluble unité. Il se cherche un corps sans organe dans le tressaillement de tous ses organes, un corps intensif, ouvert, secoué, traversé par une masse de forces.

Combattre son organisme, la syntaxe et les codes sociaux, les fouler, c’est se porter (et les porter sur soi) le plus loin possible dans une fuite qui ne laisse aucun répit, où le danger menace de sombrer dans la pire caricature de soi ou dans le chaos le plus complet.

Les philosophes ont tiré les enseignements de la folie d’Artaud ; sa lucidité a porté la raison philosophique jusqu’à un degré de vacillement où elle ne pouvait plus se soutenir elle même.

A quoi servent la vérité, les représentations, l’organisme, Dieu, Papa-Maman, Moi, semble nous dire Artaud après Nietzsche si ce n’est à informer, à hiérarchiser les forces qui peuplent notre corps et à constituer une économie de celui-ci caractérisé par l’unité organique de soi et du monde, qui nous fait perdre, occulter le devenir ?

Un nouvelle conscience, doit émerger du corps sans organe, toujours à naître. Deleuze dirait qu’elle est la cartographie d’un combat, la cartographie des segmentarités, des lignes de fuite qui nous parcourent. Elle est une nouvelle image de la pensée, qui n’ informe plus, qui ne fictionnalise plus mais que l’on trace à même le corps. Une fois retirée toute l’épaisseur de notre chair, tout son volume, la géologie de la morale ne laisse plus qu’un goût amer dans notre bouche.

Corps-pensée, corps-connaissance ; il réside dans la connaissance des éléments qui peuvent résister au processus de subjectivation ou d’objectivation du réel. La réalité, le sujet laisseraient couler des forces qui ne segmentarisent plus ,et nous portent à accepter le réel, à se tenir cœur des choses tout en se sentant loin de tout, dans la stupeur d’ un être qui agit tout en creusant sa distance qui le sépare du monde et de ses représentations.

Bertrand Darné et Omer Weil

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